L’élection à l’ UMP ou les limites de la transparence

Placée dans l’actualité juste avant la prestation télévisée de François Hollande l’information est passée inaperçue alors qu’elle méritait un large débat. Il s’agit de l’annonce par la Haute Autorité de l’UMP que le parti ne détaillera pas les résultats par fédération à l’occasion de l’élection de son président à la fin de ce mois.
Ce qui pourrait sembler anecdotique au premier abord est en fait inquiétant. D’abord sur un plan pratique, accéder à la demande d’Hervé Mariton et Bruno le Maire était tout à fait possible, surtout quand on apprend que la requête a été qualifiée par cette Haute Autorité de « légitime« . Comme ce n’est pas sur un plan technique* qu’il faut aller chercher une réponse à ce « non » nous sommes bien obligé d’aller la chercher du coté de la politique.
Disons le tout net, cette Haute Autorité s’est disqualifiée avec ce refus. Elle a montré les limites qu’elle entend imposer à la transparence du processus de désignation** du président de l’ UMP, ce qui pour un parti de gouvernement est très gênant. Car enfin qu’il y a t-il à cacher sinon permettre à tous d’analyser le score de Nicolas Sarkozy fédération par fédération ? Il sera impossible de savoir où il a fait son plus mauvais score ou de regarder dans quels régions il est le plus talonné par B. le Maire ou H. Mariton. Plus encore, ces derniers faute d’information en seront réduits à des conjectures pour comprendre leur défaite annoncé***.
L’autre argument que l’on pourrait avancer est qu’il sera aussi impossible d’avoir un décompte en nombre de voix, juste un pourcentage. Je ne pense pas que l’UMP ira jusqu’à masquer le nombre de votants ou alors cela soulignerait plus encore à quel point la demande des deux candidats était « légitime« .

* La Haute Autorité l’assure, c’est parce que ce n’est pas possible techniquement que le refus a été prononcé.
** L’absence de débat public entre les 3 candidats n’aura échappé à personne.

*** Tout le monde l’annonce : Nicolas Sarkozy aura de 60 à 70% des voix, Bruno le Maire de 25 à 35% et Hervé Mariton aux alentours de 5%.

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La pénibilité en questions (et en réponses)

Je vois passer en ce moment le débat (éternel ?) sur la pénibilité au travail, mais alors pourquoi inventer un « compte de pénibilité » ? Pour avoir expérimenté à la fois des emplois pénibles et d’autres qui ne le sont pas du tout – et au risque de paraître démagogique – je pense qu’on a recherché la difficulté alors que pour une fois les choses sont très simples. Je considère pour ma part que c’est l’emploi qu’il faut qualifier de pénible ou pas et non pas le parcours du salarié. Bref, il suffirait de définir ce qu’est un emploi pénible et débattre ensuite des compensations à apporter.
Commençons de suite par les compensations car c’est le plus facile d’après moi : les études statistiques sont formelles, l’écart en espérance de vie à la retraite peut aller jusqu’à 7 ans entre un ouvrier et un cadre. Dès lors la seule forme de compensation à envisager en contrepartie de l’emploi pénible réside dans une bonification sur le départ en retraite. Cette dernière serait à moduler* mais quelqu’un qui aurait passé toute sa carrière dans un emploi à forte pénibilité devrait pouvoir partir en retraite 7 ans (!) avant quelqu’un qui au contraire n’a jamais occupé d’emploi pénible.
Ceci posé, il faut maintenant définir ce qu’est un emploi pénible (ou pas). Idem, la recherche de la simplicité devrait nous imposer trois niveaux : Les emplois très pénibles, les emplois moyennement pénibles et ceux qui ne le sont pas du tout. Quant à la définition de la pénibilité au travail ce sont là aussi trois critères, ni plus ni moins : La station debout, le port de charges lourdes, les horaires décalés.
A partir de là nous pouvons presque dire que tout est fait. Définir la pénibilité zéro ne pose aucun problème : Ce sont tous les emplois où il n’y a ni port de charges lourdes, ni station debout nécessaire, ni horaires décalés. Le bon sens – et la bonne foi – devraient permettre aux partenaires sociaux de facilement identifier ces emplois, qui au passage constituent de loin la grande majorité.
Le plus compliqué je pense serait de définir la catégorie intermédiaire, l’emploi moyennement pénible. Est-ce que le port de charges lourdes sans horaire décalé et sans station debout doit être considéré comme une pénibilité « moyenne » ? Un métier dangereux est-il un nécessairement un métier pénible ? Il y a là matière à débat, je le reconnais bien volontiers même si je penche pour considérer qu’avec un seul de ces deux critères entre horaires décalés et station debout, l’emploi en question doit être considéré comme moyennement pénible.
Par déduction cela implique que je considère que le port régulier de charges lourdes suffit pour qualifier l’emploi d’emploi à forte pénibilité, et ce qu’il y ait horaires décalés ou pas, station debout ou pas.  Pour donner un exemple concret je mets dans cette catégorie les éboueurs, qui ont à la fois les horaires décalés (impossible à nier), la station debout (on ne vide pas les poubelles assis) et le port de charges lourdes (essayez et vous verrez par vous-même).
Vous voyez qu’en quelques lignes le thème de la pénibilité peut se trouver sur de bons rails. En instituant comme seule compensation (lire : sans créer de compensation financière nouvelle pour le salarié) la bonification sur le départ à la retraite** on institue une forme de justice face au travail compréhensible par chacun. Maintenant la volonté est-elle là pour enfin solder ce sujet ? J’en doute…

* Modulation qui interviendrait dès la première année. La mention de l’emploi pénible devrait obligatoirement être portée sur le certificat de travail, et bien entendu mentionnée dans les « petites annonces ».
** Avec la dernière loi l’âge de départ à la retraite est fixé à 62 ans. Ma proposition est donc que quelqu’un qui a travaillé durant toute sa carrière dans un emploi très pénible puisse partir à la retraire à 62 ans – 7 ans soit 55 ans. 

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Les propositions de loi de nos députés (III)

Il y a la loi telle que nous la connaissons et il y a la loi telle que certains députés la voudrait. Ces derniers ont le droit – le devoir même – de déposer leur proposition de loi. Cette partie inconnue, rarement médiatisée mérite cependant d’être regardée de plus près car elle est révélatrice de bien des choses.

Cela fait plus d’un an que je n’ai pas regardé de près ce que nos élus souhaitaient pour notre République. La rentrée parlementaire en tout cas est riche de propositions, jugez par vous-même. Commençons par la proposition de loi déposée en Juillet dernier – en pleines vacances d’été donc – par Gilbert Collard. Ce dernier souhaite rendre obligatoire le referendum pour toute nouvelle adhésion d’un pays à l’Union Européenne. Si j’ai quelque chose à critiquer ici ce serait la forme*, puisque si ma mémoire est bonne Gilbert Collard ne dépose que des propositions de loi à portée constitutionnelle.
Les propositions plus récentes collent si je puis dire à l’actualité. De là à en déduire que certaines propositions ont été rédigé sous le coup de l’émotion il n’y a qu’un pas qu’on est souvent tenté de franchir. C’est ainsi que M. Eric Ciotti souhaite supprimer l’aide médicale d’état ou que Yves Nicolin voudrait non seulement multiplier par deux les seuils sociaux dans les entreprises mais aussi (et surtout ?) diviser par deux les heures de délégation. Il faudra tout de même expliquer si oui ou non les dépositaires de cette loi considère que cela réduit la présence syndicale dans l’entreprise…
A l’opposé je salue l’initiative de Jean-Pierre Decool qui voudrait que les grandes surfaces proposent leurs invendus alimentaires à des associations. J’ai toujours défendu cette idée, d’autant que la loi actuelle prévoit l’inverse à savoir la destruction pure et simple des invendus.
Jean-François Mancel souhaite pour sa part rendre obligatoire le travail en prison, dont « Les revenus générés par leur activité seront affectés en priorité à l’indemnisation de la victime ou des victimes de l’infraction pour laquelle elles ont été condamnées, puis au remboursement des frais engendrés par leur incarcération. »
On a beaucoup parlé des rythmes scolaires à cette rentrée aussi il n’est pas surprenant de voir un député (Patrick Hetzel) proposer un moratoire sur la question. Lionel Tardy l’explique dès le début de son exposé des motifs, « L’affaire Bygmalion a causé beaucoup de torts au monde politique et à la démocratie représentative. » Aussi présente t-il – il n’est pas le premier – une proposition de loi relative à la transparence financière des partis et groupements politiques. Je me permet de rappeler ici que c’était là une proposition phare de François Bayrou durant la campagne présidentielle de 2012.
J’apprend aussi par le détour des propositions de loi qu’il ne faudrait pas dire « salle de shoot » – que Bruno Le Roux souhaite voir exister -mais « salles de consommation
à moindre risque« . Ce langage technocratique me déplaît de plus en plus je dois l’avouer ; il faudrait d’ailleurs qu’à l’occasion je m’en explique plus longuement ici même.
Revenons sur le terrain politique avec le souhait de Guillaume Larrivé que l’assemblée nationale puisse destituer le président de la république. On peut parler ici de serpent de mer car si l’article 68 de la Consitition le prévoit, cela n’est pas possible faute de loi organique. Guillame Larrivé en tout cas persiste et signe car comme il le précise lui-même dans l’exposé des motifs, « [à] six reprises, l’auteur de la présente proposition de loi a interrogé Mme Christiane Taubira, garde des sceaux, ministre de la justice, afin que celle-ci indique à la représentation nationale si le Gouvernement entendait saisir le Parlement d’un projet de loi organique pour l’application de l’actuel article 68 de la Constitution.« . Nul doute que nous reverrons cette proposition à l’avenir…

* Merci de ne pas déduire ce que je pense à partir de ce que je n’ai pas expressément écrit.

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