Un décompte qui compte, au début…

Après avoir proposé sur ce blog de simuler le second tour de l’élection présidentielle j’ai aussi voulu regarder comment se passerait le dépouillement avec une question en tête : « Imaginons un score serré, par exemple de 51%/49%*. A partir de combien de bulletins dépouillés peut-on être certain du résultat du scrutin ? ».
Avant de discuter de la réponse regardons comment s’organisera notre second tour virtuel. Comme à mon habitude je vais utiliser un tableur et la fonction ALEA(), ce qui va me permettre de tirer au sort un nombre entre 0 et 100. Je vais bien entendu tenir compte des bulletins blancs ou nuls, que j’estime à 12,7%. Histoire d’être précis, tout nombre inférieur ou égal à 12,696 signifiera que notre électeur a voté blanc ou nul. Au-delà et jusqu’à 55,448 je vais dire que le vote va pour « A », autrement ce sera un vote pour « B ». La traduction en pourcentage donne un score net de 49,2% pour « A » et de 50,8% pour « B ». Coté panel j’ai choisi 1% des votants du premier tour soit un groupe de 359 235 électeurs. Ces derniers vont donc – via mon tableur – soit voter « A » soit voter « B » soit encore déposer un bulletin blanc ou nul dans l’urne. Tous les éléments étant en place il n’y a plus qu’à commencer le dépouillement.
Le premier bulletin est pour « A », il a donc pour le moment 100% des voix. Le second est pour « A » aussi. Le premier bulletin blanc ou nul arrive avec la 4ème enveloppe. Avançons quelque peu. Après 100 votes j’ai 16 bulletins blancs ou nuls, 40 voix pour « A » et 44 voix pour « B » (47,6% – 52,4%). 100 bulletins plus tard l’écart s’est creusé à 58,5% pour « B » et 41,5% pour « A ». Allons jusqu’à 1 000 : « A » vient de retrouver le niveau qu’il avait après 100 votes. Nous poursuivons notre dépouillement et nous constatons que l’écart devient si faible que nos deux candidats sont pour la première fois à égalité parfaite après 2 518 votes : 1 106 voix chacun. 31 bulletins plus tard « A » reprend la tête de la course aux voix : 1 121 à 1 120. Le coude-à-coude va perdurer durant 300 votes puis « A » semble se détacher : 1 voix d’avance après 2 858 bulletins dépouillés, puis 10 puis 20 alors que nous avons passé le cap des 3 000 enveloppes ouvertes. Sauf que cela stagne et ne monte guère plus haut que 26 voix d’avance. A partir de 3 175 votes c’est le début de la descente et arrivé au bulletin 3 330 tout est à refaire pour les deux camps.
Ensuite et durant près de 700 bulletins c’est l’indécision qui domine même si jamais « B » ne passe devant. Il prend une dizaine de voix de retard, rattrape ce retard pour en concéder aussitôt autant. Mais arrivé à l’électeur 3 833, « B » mène d’une voix. Après 5 000 votes il y a encore 25 voix d’écart en faveur de « A » (2 200 contre 2 175) mais nous avons 2 444 voix pour chaque candidat après 5 563 enveloppes ouvertes. Rien n’est joué et bien malin qui pourrait dire à ce stade qui va l’emporter. Voire ! Car s’il reste encore 353 672 enveloppes à ouvrir je vais vous épargner de raconter la suite au même rythme. Tout simplement parce que pour aussi incroyable que cela puisse paraître les jeux sont faits. En effet, à partir de ce moment « B » ne sera plus jamais rejoint. Vers 17 000 « A » aura bien 49,8% mais c’est un pic qu’il ne retrouvera pas. Voici les scores constatés :

Après 50 000 bulletins : 49,2% – 50,8%
Après 100 000 bulletins : 49,0% – 51,0%
Après 200 000 bulletins : 49,1% – 50,9%
Après 300 000 bulletins : 49,0% – 51,0%

Nous avons enfin terminé de dépouiller les 359 235 votes. Notre résultat définitif montre 45 691 bulletins blancs ou nuls, 153 583 voix pour « A » et 159 961 voix pour « B ». « B » est élu avec 51,0% des suffrages. Il faut bien mesurer la portée de cet exercice : Tout s’est joué alors que pas même 2% des bulletins auront été dépouillé (la dernière égalité arrive à 1,57%). Il est impressionnant de constater qu’un écart aussi minime que 1,6 points se détecte aussi rapidement.
Existerait-il un biais ? Après tout je n’ai regardé que 1% de ce qui arrivera le 24 Avril prochain et il est manifestement impossible que le résultat soit identique quand il est répété 99 fois. « A » doit bien pouvoir battre « B » de temps en temps , non ? Non. Afin d’étayer mon affirmation le mieux est de retourner à notre tableur et de simuler 99 autres fois notre dépouillement.
Tirons de nouveau au sort 359 235 nombres en respectant notre postulat de départ. Si je fais l’opération 100 fois j’aurais simulé la totalité de l’élection ; nous verrons alors si le hasard donne au moins une fois « A » gagnant alors qu’il n’est derrière « B » que pour 1,6 petits points. Las, il n’y a pas de hasard à attendre du hasard et nous avons eu beau multiplier l’exercice par 100 il donne à chaque fois le même résultat.
Décidément, le seul moyen pour générer du suspens est de réduire l’écart de voix entre « A » et « B ». Inversons alors le résultat du scrutin et décrétons que « A » gagne l’élection mais de justesse : 50,1% contre 49,9%. Est-ce que dans ce cas le dépouillement peut proposer un résultat inverse ? Presque. Dans ma simulation « B » est devant 10 fois sur 100 mais cela signifie aussi que 90 fois sur 100 « A » obtient plus que la majorité. Certes il y a suspens mais il reste léger, surtout si nous regardons le détail. Sur les 10 fois où « B » gagne ce n’est jamais par plus de 630 voix d’écart. J’ai même un cas où la différence n’est que de 3 voix** ! Par contre lorsque « A » gagne ce n’est jamais avec moins de 59 voix d’écart. En outre je vois souvent des « +1 000 », des « +600 ». Bref, en dépit des 0,2pt qui séparent « A » de « B » nous voyons très vite lequel des deux va l’emporter.
Arrivé à ce point autant pousser l’expérience à fond. Comment se passerait le dépouillement si « B » gagnait d’un cheveu, disons 50,03% contre 49,97% ? Après tout cela fait aux alentours de 30 000 voix pour 35 millions d’électeurs, autrement dit rien. Vu de loin chaque voix va compter mais est-ce vraiment le cas ? Regardons. Sur mes 100 simulations « B » a gagné 69 fois et « A » 31. On pouvait s’attendre à un écart plus serré compte-tenu du score de chaque candidat. Mais là encore c’est dans les détails que nous voyons combien cela était inéluctable : Lorsque « A » l’emporte c’est en moyenne avec 369 voix d’avance alors que lorsque c’est « B » cette moyenne monte à 609. L’écart a beau être infime la pièce tombe presque toujours du même coté.
Vous pourrez vérifier de votre coté, « ça marche » ! Il y a pourtant un biais mais il ne concerne pas la méthode en elle-même. C’est que dans la réalité du scrutin les bulletins sont dépouillés bureau de vote par bureau de vote. Cela a deux conséquences. La première est relative à la taille puisqu’en moyenne chaque bureau de vote est constitué de 680 inscrits, ce qui est très peu. L’autre conséquence tient à la sociologie politique du bureau de vote : certains sont acquis à « A » et d’autres à « B ». Dès lors le résultat est biaisée d’entrée de jeu pour ce bureau de vote et il ne permet pas d’extrapoler le résultat de la France entière. Ma méthode – pour parfaitement juste qu’elle soit – n’est pas applicable « en vrai ». Ou alors il faudrait transporter au ministère de l’intérieur les 35 000 000 d’enveloppes avant de les ouvrir. Mais qui accepterait le résultat si l’on en ouvrait que 10 000 ? Personne bien sûr. Pourtant le résultat mathématique est là, implacable.

La conclusion finale est contre-intuitive : Un faible écart entre les deux candidats n’est pas synonyme d’indécision au moment du dépouillement. Au contraire ce dernier révèle assez vite le gagnant, installant la suite des opérations dans un faux suspens. Voilà pourquoi les instituts pourront dire dès 20h qui sera notre prochain président***, y compris s’il n’y a que 0,2pt d’écart.


 

* Peu importe pour qui, ce n’est pas le sujet. C’est d’ailleurs pour cela que dans tout ce billet il ne sera question que du candidat « A » et du candidat « B ».
** C’est un tableur ne l’oublions pas. Le recomptage donnera donc à nouveau 3 voix.
*** Leur méthode consiste à lisser autant que possible les biais dont j’ai parlé.

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Le temps de la simulation est arrivé

Je ne saurais pas dire si la tradition s’installe ou pas mais toujours est-il que – comme en 2017 – je vous propose de simuler le second tour de l’élection présidentielle à partir des résultats du premier tour. Mon outil est certes plus austère que celui présenté par Les Echos mais il a au moins le mérite de la personnalisation.
J’ai donc à nouveau créé un fichier sur un tableur où j’ai recopié les résultats du 1er tour département par département, y compris ceux de l’Outre-mer et des français de l’étranger. Mais contrairement à 2017 j’ai amélioré la partie consacrée à la simulation puisque désormais elle est disctincte en fonction de chaque département.
Le principe est simple : Après avoir défini la part de l’électorat d’un candidat qui va se déplacer le 24 Avril prochain, il suffit de saisir les pourcentages en faveur des deux finalistes. Bien entendu je tiens compte de la proportion de bulletins blancs ou nuls.
Comment cela fonctionne t-il in concreto ? Prenons comme exemple le département de l’Ain et Nathalie Arthaud. Nous pouvons nous dire que cet électorat sera peu motivé pour retourner aux urnes aussi je décide que 10% se déplacera. J’écris donc « 10% » dans la cellule X7 de mon tableau. Je dois ensuite dire combien de ces 10% voteront pour Marine le Pen et combien voteront pour Emmanuel Macron. Comme je pense que les rares qui se déplaceront voteront blancs ou nuls je vais mettre « 2% » dans la cellule Y7 et « 3% » dans la cellule Z7. La cellule AA7 calcule automatiquement la proportion de blancs/nuls qui ici est impressionnante : 95%. Ainsi, j’estime que 90 électeurs de Nathalie Arthaud sur 100 qui ont voté dans l’Ain resteront chez eux et que parmi les 10 qui iront jusqu’à l’urne 9 voteront blanc ou nul. Il faut ensuite répéter l’opération pour tous les autres candidats et décider si oui ou non il y aura un sursaut républicain dans l’Ain. Si oui vous ajouterez les quelques pourcents dans la section « nouveaux venus », si non vous laisserez cette section vide. Vous avez alors terminé de simuler le second tour pour ce département et vous pourrez lire la participation et le score dans les colonnes « DK » à « DR ». Dans l’exemple que je donne c’est match nul : 50%-50%.
Il ne vous reste plus qu’à passer au département suivant, puis au suivant et ainsi de suite jusqu’au bas du tableau. Mais si le concept est simple le remplissage théorique de toutes les cases est fort long : Il faut décider de 4 paramètres pour 13 candidats et 107 « départements » soit rien de moins que 5 564 cellules à remplir. Pour vous y aider – si je puis dire – je propose un regroupement par région. En effet il n’est pas incohérent d’imaginer que le report de voix vers Marine le Pen sera plus important dans les Hauts-de-France qu’en Bretagne. Regrouper ces départements par région avec la fonction « filtre » peut dès lors s’avérer utile. A cette fin je signale que j’ai donné un nom au tableau (« filtre »), précisément pour faciliter l’utilisation de ladite fonction.
C’est aussi volontairement que j’ai dupliqué l’onglet : Les onglets « A » et « B » sont au départ identiques. Seulement j’ai trouvé plus pratique de simuler dans « B » tout en gardant « A » vierge. Tel une ardoise magique cela permet de repartir de zéro en dupliquant l’onglet « A » au lieu d’effacer les données de l’onglet « B ».
Pour avoir pratiqué quelque temps je dirais que la plus grande difficulté est de simuler une participation correcte. Mes premiers essais montraient 55% ou 60% de participation ce qui est après tout possible mais certainement en-dessous de la réalité. Si nous savons déjà dire comment se comportera l’électorat d’Eric Zemmour ou de Philippe Poutou tant il est prévisible, il est bien plus complexe de le deviner pour celui de Jean Lassalle ou celui de Jean-Luc Mélenchon. Tout est affaire d’impresssion pour ne pas dire affaire de conviction.
Gardons toutefois en tête que ce fichier produit une vérité mathématique et non pas une vérité politique. Le résultat dépendra uniquement des paramètres que vous entrerez et de rien d’autre ; c’est tout le sel de ce simulateur. Amusez-vous bien !

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Le complot en questions.

Plus le premier tour de l’élection présidentielle approche et plus la tentation est grande pour certains d’annoncer que le résultat sera truqué puisque selon eux le ministère de l’intérieur a demandé à Dominion de trafiquer le résultat du vote. Tout ceci est bien évidemment faux de bout en bout mais il restera toujours quelques irréductibles pour maintenir cette version contre vents et marées. C’est à ces derniers que s’adresse ce questionnaire*.

  1. Quand a été signé l’accord secret entre Dominion et le ministère de l’intérieur ?
    – Cette année
    – A l’automne 2021
    – Dès 2020
    – Avant 2020 (précisez la date)
  2. Quel est le montant du contrat entre Dominion et le ministère de l’intérieur ?
    – A défaut de montant exact donnez une estimation fourchette basse – fourchette haute
  3. Est-ce le premier accord entre Dominion et le ministère de l’intérieur ?
    – Oui
    – Non
  4. Si vous avez répondu « Non » à la question 3 alors à quelle élection a été signé le premier accord ?
  5. Dominion ou pas, à quand remonte la dernière élection nationale (présidentielle, législatives) non truquée ?
    – 2017
    – 2012
    – 2007
    – 2002
    – Encore avant (précisez)
  6. Par définition un contrat secret doit rester secret or ce n’est pas le cas puisque vous en avez connaissance. Qui a failli ?
    – Dominion
    – Le ministère de l’intérieur
  7. Cet accord secret concerne t-il aussi les élections législatives de Juin 2022 ?
    – Oui
    – Non
  8. Les institutions suivantes sont-elles au courant du contrat secret entre Dominion et le ministère de l’intérieur ?
    – Le Conseil constitutionnel (oui – non)
    – Le Conseil d’état (oui – non)
    – Le CESE (oui – non)
    – L’association des maires de France (oui – non)
    – La collectivité de Corse (oui – non)
    – Le réseau des ambassades de France à l’étranger (oui – non)
  9. Combien de personnes sont au courant du contrat secret pour truquer l’élection présidentielle française ? Ne comptez que les personnes qui n’ont pas intérêt à ce que l’existence de ce contrat soit révélée.
    – Donnez une estimation fourchette basse – fourchette haute ou le chiffre exact si vous le connaissez.
  10. L’élection présidentielle va se dérouler dans plus de 69 000 bureaux de vote, tant en France qu’à l’étranger. Selon vous les présidents de ces bureaux de vote :
    – Sont au courant que le vote sera truqué
    – Ne savent rien et enverront de bonne foi le PV de vote au ministère de l’intérieur
    – Seule une proportion de présidents est au courant (donnez le pourcentage)
  11. Les PV des bureaux de vote transiteront par les préfectures. Les préfets sont-ils au courant de l’accord secret entre Dominion et le ministère de l’intérieur ?
    – Oui
    – Non
    – Pas tous (donnez la proportion en pourcentage de préfets au courant)
  12. Puisque Dominion et le ministère de l’intérieur se sont entendus pour truquer le premier tour, qui ont-ils choisi pour arriver derrière Emmanuel Macron ?
  13. Le candidat prévu d’arriver second est-il déjà informé de sa position ? (féminin implicite)
    – Oui
    – Non
  14. Sur les 12 candidats du premier tour combien ont-ils connaissance de l’accord secret entre Dominion et le ministère de l’intérieur ?
    – Un seul candidat, Emmanuel Macron
    – Deux candidats voire plus de deux (citez les noms)
  15. Le ministère de l’intérieur autorisera t-il le recomptage des voix ?
    – Oui
    – Non
  16. Que va t-il advenir des PV des différents bureaux de vote ?
    – Ils seront conservés et il sera possible de les consulter
    – Ils seront conservés mais il sera impossible de les consulter
    – Ils seront détruits et il sera invoqué une raison quelconque pour expliquer leur disparition
  17. Bien que truqué par Dominion et le ministère de l’intérieur le fichier du résultat de l’élection sera t-il rendu public ?
    – Oui
    – Non
  18. Quelle sera l’importance du trucage du vote ?
    – Trucage complet : Tous les chiffres seront faux, de la participation au nombre de bulletins blancs et nuls en passant bien entendu par la répartition des votes.
    – Trucage partiel : Le fichier sera construit le soir du vote en mélangeant de vrais chiffres (participation, nombre de bulletins blancs et nuls tirés des PV) et de faux chiffres (suffrages exprimés par candidat).
  19. Le fichier des résultats de l’élection présidentielle de 2017 bureau de vote par bureau de vote est disponible sur internet. Ce fichier est-il truqué ?
    – Oui
    – Non
  20. Le fichier des résultats produit par Dominion et le ministère de l’intérieur…
    – Sera tellement bien truqué qu’on pourrait le confondre avec un « vrai » fichier de résultat n’étant l’existence du contrat.
    – Contiendra une faille qui fera s’effondrer tout l’édifice.
  21. A quelle échéance le grand public aura t-il connaissance de l’existence de ce contrat secret ?
    – D’ici quelques semaines
    – D’ici quelques mois
    – D’ici quelques années
    – Jamais

Il leur suffira d’utiliser la section commentaires pour poster leurs réponses.

 

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L’impossible fraude

Le complotisme* a le vent en poupe et la toute proche élection présidentielle n’échappe pas à ce phénomène. C’est ainsi que des « personnes bien informées » annoncent sur les réseaux sociaux que le ministère de l’intérieur a sollicité Dominion** pour gérer les résultats du premier tour autrement dit les trafiquer, n’ayont pas peur des mots. Mais comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire ici-même la France n’est pas les Etats-Unis d’Amérique et le système électoral français n’a rien à voir avec le système électoral américain. Cherchons néanmoins à savoir comment une telle triche serait possible car cela mettra en lumière j’espère le coté absurde d’une telle affirmation.
Il y avait lors de l’élection présidentielle de 2017 69 948 bureaux de vote avec en moyenne 681 électeurs inscrits dans chaque bureau. Cette première salve de chiffres démontre que le résultat de l’élection présidentielle ne peut pas dépendre d’un seul bureau ni a fortiori de 100 bureaux et pas même de 1 000. Le seul moyen de tricher est de truquer les résultats de tous les bureaux. Sauf que pour arriver à ce résultat il ne faut aucune fuite, aucun «#Metoo » électoral alors qu’un complot de cette ampleur nécessite de mettre au bas mot plusieurs centaines de personnes dans la confidence. Sans compter que cela revient à organiser – et ce n’est pas rien – une fausse élection non seulement sur notre territoire mais aussi à l’étranger et dans nos départements et territoires d’Outre-mer. Cela signifie concrètement que l’électeur vote, que le président du bureau consigne le résultat sur son procès-verbal et qu’ensuite ce dernier est jeté aux orties, cela plus de 69 000 fois. Il faut donc soit 69 000 complices (y ajouter les assesseurs et les scrutateurs) soit au contraire s’assurer qu’absolument personne parmi tout ce beau monde ne cherchera à vérifier si le résultat du vote transmis au ministère de l’intérieur a été correctement retranscrit ou non.
La bonne solution est par conséquent de cloisonner l’information, autrement dit de publier un résultat global sans jamais le détailler bureau de vote par bureau de vote. Hélas, ne rien diffuser du tout reviendrait à créer un précédent fâcheux forcément plus que suspect, y compris à mes yeux. Je signale qu’en 2017 le ministère de l’intérieur a rendu public un tel fichier dès l’entre deux tours, ce qui m’avait permis à l’époque de proposer de simuler sur un tableur les possibles reports de voix. A en croire les complotistes une telle diffusion n’aura pas lieu cette année ; nous verrons bien. Autre paramètre à prendre en compte, la presse et plus particulièrement la presse quotidienne régionale. Celle-ci a pris l’habitude de publier dans ses colonnes les résultats de chaque bureau de vote, non pas depuis les chiffres du ministère de l’intérieur mais depuis ceux des préfectures. Complices, il faut donc mettre ces dernières dans le secret de la grande manipulation. Je trouve que cela commence à faire beaucoup de monde à « mouiller » mais passons.
Nous en revenons peu ou prou au même point à savoir la publication d’un résultat qui ne correspond en rien à la réalité du terrain. Sauf qu’inventer des chiffres ne s’improvise pas, mais alors pas du tout. Car si c’est une chose que de produire un faux résultat, c’en est une autre que de donner à ces chiffres l’apparence qu’ils sont vrais. Le défi est de taille car il faut remplir chaque case : il faut inventer un nombre de votants, un nombre de bulletins blancs et nuls (désormais décomptés à part) et surtout correctement répartir les voix entre tous les candidats. Par contre il ne faut pas que la manipulation soit grossière autrement tout l’édifice s’effondre tel un château de cartes. Je signale que mis bout à bout il y a un peu plus de 3 000 000 de cases à remplir, une paille. D’autant plus qu’il faut non seulement penser à tout mais aussi ne rien oublier : Personne ne comprendrait que Marine le Pen ne soit pas largement en tête à Hénin-Beaumont (46,5% au premier tour de 2017) ou que les français d’outre-mer se soient subitement déplacés en masse pour voter (au premier tour de 2017 le taux de participation des français de l’étranger a été de 43,8%, de 78,1% en métropole et de 43,2% dans les DOM-TOM). A tel point que la manipulation devra être si subtile, si parfaite qu’elle aura toute l’apparence du vrai vote. Les complotistes qui décidément ont réponse à tout répliqueront que c’est le but recherché.
Grâce à Dominion donc, le pouvoir en place se laisse la possibilité de choisir qui lui sera opposé au second tour, il serait trop bête de se priver d’un tel privilège. Manipuler pour manipuler Emmanuel Macron pourrait choisir Philippe Poutou ou Jean Lassalle mais chacun aura vite compris que la ficelle serait un peu grosse. Nous devons donc admettre que l’opposant devra être un opposant crédible pour un public crédule. Cela réduit la liste à quatre candidats : Marine le Pen, Valérie Pécresse, Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour. Relevons que cette liste correspond – comme par hasard – à la liste des candidats annoncés juste derrière le chef de l’état par les instituts de sondage***. Toutefois si les complotistes savent nous dire qu’il y aura manipulation du vote ils sont bien en peine d’annoncer dès à présent qui sera au second tour. Leur connaissance du complot a ses limites et ils devront comme tout un chacun attendre le soir du 10 Avril pour avoir la réponse à cette question****. Et tant qu’à y être on peut aussi demander aux complotistes si les différents candidats sont au courant de ce qui les attend, si celui qui restera en lice le 24 Avril le sait déjà ou pas encore.
Pour continuer la démonstration admettons toutefois que cela se passe comme Dominion et le ministère de l’intérieur le souhaitent. Emmanuel Macron est au second tour, opposé à X. Les 14 jours qui séparent les deux tours seront cruciaux. Vous rencontrerez durant cette période les complotistes déçus – soutiens de Y ou Z non qualifiés – qui bien entendu vont crier sur les réseaux sociaux que tout ceci a été truqué dès le départ. Il serait savoureux de les mettre en relation avec les complotistes partisants de X, qui eux expliqueront que Dominion a déjà préparé le fichier du second tour tout en nous assurant que le premier tour est le résultat du choix des électeurs.
J’ai parlé de période cruciale car chacun devra tenir sa langue. Le ministère de l’intérieur devra renoncer à publier le fichier complet des résultats du premier tour pour éviter toute analyse prématurée, les inévitables curieux innocents du complot qui se trame sous leurs yeux ne devront pas l’être trop et chaque personne impliquée dans cette incroyable histoire devra faire preuve d’aucun remords de dernière minute. Arrivera alors le 24 Avril et tout sera à recommencer : ré-organiser une fausse élection sur toute la planète, re-tromper 69 000 présidents de bureau de vote, re-publier un fichier de faux résultats avec il est vrai seulement 138 000 faux chiffres à inscrire. Il faudra aussi anticiper toute enquête un tant soit peu sérieuse. Ainsi le ministère devra t-il transmettre aux préfectures 69 000 procès-verbaux falsifiés afin que les chiffres nationaux « collent » avec ceux disponibles localement.
C’est la dernière phase du complot, la plus complexe : empêtrée dans cette histoire d’open data, le ministère de l’intérieur n’aura pas d’autre choix que de rendre public le fichier bâti par Dominion, je devrais dire les deux fichiers puisqu’il y aura deux tours. A ce stade je suis prêt à rejoindre les complotistes puisque j’affirme qu’il est impossible de créer un faux fichier de 3 000 000 de cellules – et un second de 138 000 – sans que personne ne soit capable de démontrer que l’un ou l’autre ou les deux ont été créés de toutes pièces et qu’ils ne sont pas la simple collation des PV des bureaux de vote. Pour parler technique quelques instants, la fonction ALEA() d’Excel est bien trop aléatoire pour être honnête si je puis le dire de cette manière. Tout lui confier est le meilleur moyen d’éventer le secret. Donc non, il faut avoir à disposition des petites mains qui comme pour éxécuter la plus fine des dentelles vont regarder case après case quel chiffre inscrire afin de ne pas générer de soupçon. J’ajoute pour être complet que le sens du détail doit être poussé à son extrème limite. Les complotistes l’ignorent sans doute mais l’administration fiscale utilise depuis longtemps des algorithmes pour chasser les fausses déclarations, algorithmes qui se basent sur les occurences des chiffres dans les montants inscrits sur les déclarations d’impôt*****. Les chiffres devront donc « faire vrai » jusqu’à ce point. Au final la copie ressemblera tellement à l’original que je pourrai sereinement affirmer que c’est l’original que les complotistes cherchent à attaquer. A ces derniers de démontrer ensuite que non au lieu de seulement l’affirmer sans apporter de preuves outre mesure.
Si j’entre dans leurs chaussures je ne trouve qu’une voie possible : remonter à la source autrement dit au vote réel des électeurs et prouver que le décompte n’est pas celui visible dans le fichier du ministère de l’intérieur. C’est à mes yeux impossible puisque faux mais tout bon complotiste niera cette évidence et préfèrera de loin expliquer qu’il y a eu escamotage des bulletins. Attention, pas un escamotage global mais juste un escamotage des seules voix de son favori, qui auront mystérieusement disparu au moment du dépouillement. Convenons que oui, que c’est ce qui est arrivé. C’est arrivé certes mais dans un bureau de vote. Il faut ensuite rééditer la démonstration pour le bureau d’à coté, puis sur celui d’encore à coté et ainsi de suite. Il faut nous expliquer comment la concertation s’est organisée entre des milliers – des milliers ! – de personnes pour réaliser cette manipulation. Ce n’est pas aux complotistes que je vais apprendre que le risque d’être pris la main dans le sac est à multiplier par le nombre de mains et par le nombre de sacs. Dès lors il faut non seulement être très fort mais aussi avoir beaucoup de chance pour qu’aucun grain de sable ne vienne gripper la machine.
Le plus simple et le plus logique reste de faire confiance aux électeurs et aux personnes qui tiendront les bureaux de vote les 10 et 24 Avril prochain. Croyez-moi, eux aussi savent créer des surprises.


* J’ai ma propre définition pour « complotiste », la voici : je dis complotiste toute personne tenant pour vraie l’existence d’une organisation concertée d’actions visant à un but précis, souvent d’origine secrète ou cachée du plus grand nombre mais que elle a réussi à percer à jour.
** L’évocation même de Dominion devrait suffire à discréditer cette thèse. Dominion en effet est un constructeur de machines à voter mais pas de celles qui sont utilisées en France, et d’une. Et de deux je ne vois pas pourquoi confier à Dominion la création d’un faux fichier de résultats alors que cela serait plus simple et surtout plus discret de le générer directement en interne, au sein même du ministère de l’intérieur. En trois : si le secret est si secret d’où est venu la fuite ?
*** Autrement dit il n’y aurait pas scandale à ce que l’un des quatre soit au second tour. Et encore moins MLP, annoncée par tous les instituts et pour rappel déjà présente au second tour il y a cinq ans.
**** Si c’est pour nous annoncer Marine le Pen je signale que c’est elle qui est seconde selon les instituts de sondage. Ne m’en veuillez pas de voir dans cette réponse plus de réalité que de complotisme.
***** Une fausse déclaration rédigée « à la main » respecte moins la distribution naturelle des chiffres qu’une vraie déclaration. L’algorithme permet de cribler, de signaler les déclarations méritants d’être ensuite étudiées de plus près.

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