On pourrait presque en faire un sujet du Baccalauréat* : « La démocratie a t-elle un coût ou bien a t-elle un prix ?« . Elle a un coût dit le Figaro (qui ne fait que reprendre ce qui a été publié par le Parisien), et pas des moindres puisqu’il est question d’un demi-milliard d’Euros. Je considère qu’au contraire c’est là le prix de notre démocratie.
Pour autant la lecture des deux articles laisse un étrange parfum de procès à charge sinon contre la Démocratie du moins contre son coût jugé trop élevé. La preuve avec le titre du Figaro qui lance les hostilités (« Les élections de 2012 ont coûté plus d’un demi-milliard d’euros« ), laissant croire au lecteur qu’il va être question d’une gabegie supplémentaire. Le Parisien lui n’y va pas non plus par 4 chemins et l’annonce sans ambage : « Gaspillage d’argent, listes douteuses : la face cachée des élections 2012« . Nous noterons au passage que la somme de ce qui est dénoncé ne représente qu’un tiers du total – à supposer ce tiers mal employé – ce qui laisse à penser que les 66 autres pourcent sont correctement utilisés. J’insiste sur ce point car à aucun moment il n’en est fait mention, preuve que la parole n’a pas été donné à la défense si je puis dire. Seul le Parisien y fait allusion (ce n’est pas repris dans l’article du Figaro) en précisant que les campagnes des partis est à la charge du « budget national ». Au risque de me répéter que ne dirait-on si le financement était 100% privé !
Mais très vite on passe en mode « révélations » car le rapport commandé par Manuel Valls du temps où il était ministre de l’intérieur est « encore confidentiel« . A t-il pour autant vocation à le rester, impossible de le deviner à la lecture de l’article. J’ai pourtant le souvenir récent du rapport sénatorial sur le coût du démentèlement de la centrale nucléaire de Fessenheim, rapport qui bien qu’approuvé par la commission avait mis du temps avant d’être rendu public. Ici je ne vois pas ce qu’il y a de confidentiel aussi suis-je enclin à penser que très vite tout le monde pourra lire ce rapport dans son détail.
L’article se focalise sur deux thèmes. Le premier concerne la dématérialisation (ou pas) des professions de foi. Il a été question de ne plus les imprimer afin de faire des économies (103 millions d’Euros selon le rapport) puis le parlement est revenu sur cette décision. Pour ma part je considère que l’envoi papier reste nécessaire, ne serait-ce que pour rappeler aux électeurs qu’une élection va avoir lieu. Le second thème est sur ces électeurs inscrits deux fois. Ils sont 500 000 dit le rapport, ce que le Figaro traduit en précisant que cela représente 1,1% du corps électoral. Hélas cela n’a pas contribué à faire remonter l’abstention, toujours aussi forte. Comme si l’électeur – ayant reçu une deuxième carte d’électeur – se disait « Chouette, je vais pouvoir voter deux fois !« . Permettez-moi de penser que le civisme l’a emporté sur la fraude et j’imagine au contraire une réflexion du style « C’est bien l’administration ça, même pas f… de gérer correctement mon changement d’adresse« . Concrètement que croyez vous qu’il arriva ? Que notre double-électeur profita de l’aubaine offerte pour voter deux fois ? Un peu de sérieux ne fait pas de mal et s’il faut légitiment s’inquiéter pour que de tel cas se produisent le moins possible je ne pense pas que la conséquence sur le vote ait été si grand que l’article l’induit.
Il y a pourtant un ratio que ni le Figaro ni le Parisien ne pointent : Annoncer que les élections présidentielles et législatives de 2012 ont couté 600 millions d’Euros revient à dire qu’il faut un peu plus d’1 million d’Euros pour organiser l’élection d’un député**. Pour le coup je me demande si ce n’est pas un peu cher payer la démocratie….
* ou de concours d’entrée à Sciences-Po …
** La révision consitutionnelle de 2008 avait alourdi la facture avec la création de 11 sièges de députés des français de l’étranger. Pour le cas où vous l’ignoreriez il continue d’exister une assemblée des français de l’étranger dont on pourrait discuter le maintien…