Les résultats du 1er tour de l’élection présidentielle de 2012 viennent de tomber et le moins que l’on puisse dire est que les surprises ont été au rendez-vous. La participation a été plus forte que prévue ce qui finalement est un bon signal démocratique. Les français se sont déplacés en masse, preuve de l’importance accordée à l’élection. Mais c’est au niveau des résultats qu’il y a de vrais surprises. La première est bien entendu le haut niveau de Marine le Pen. Son score historique ne peut que nous forcer à nous interroger bien plus en profondeur sur que ce qui a été fait durant la campagne. Car si ce vote exprime « une souffrance », je n’arrive pas à me faire à l’idée que l’analyse selon laquelle il suffirait de rompre avec Schengen, de réduire de manière drastique l’immigration légale et d’installer une quelconque préférence nationale pour retrouver la prospérité.
Ce qui me gêne le plus c’est que Nicolas Sarkozy accrédite en creux le vote du Front National. A aucun moment on ne l’a entendu combattre les thèses principales du parti de Marine le Pen, bien au contraire. Bien sûr au niveau des appareils aucun des deux camps, UMP et FN n’avouera de rapprochement, même a minima. Mais il n’en demeure pas moins que la séduction des électeurs de Marine le Pen se jouera sur le terrain du « vous n’avez pas si tort que ça ».
L’autre surprise est le score relativement faible de J.L. Mélenchon. Si ce dernier aurait signé des deux mains pour un tel résultat en décembre/janvier dernier, il est certain qu’au vu non seulement des sondages mais surtout de la dynamique de sa campagne il est aujourd’hui déçu. Et ce d’autant plus qu’il s’est aussitôt rangé sous la bannière de F. Hollande sans poser aucune condition. Si je voulais être brutal je dirais que le Front de Gauche n’aura servi à rien d’autre dans cette présidentielle qu’à rabattre en bon ordre (« …sans trainer des pieds ! » ajoute même Mélenchon) l’aile gauche de l’électorat vers le candidat du PS. La preuve de son embarras est inscrit dans son appel, où à aucun moment il ne prononce le nom de F. Hollande.
Enfin, je ne peux pas passer sous silence le faible score de F. Bayrou. De toute évidence son analyse n’a pas sû toucher au-delà d’un électorat déjà au fait des subtilités du jeu politique et conscient de l’importance des enjeux. Maigre consolation, le président du Modem peut se dire que des cinq candidats qui sont arrivés devant lui au 1er tour, il est le seul pour lequel il est impossible d’évoquer un choix par défaut. C’est vrai qu’il est difficile l’exercice consistant à porter au plus haut la conscience et la responsabilité du citoyen. En ne cédant à aucun moment à quelque démagogie que ce soit, François Bayrou paye au prix fort son honnêteté politique. Gageons que cette qualité lui sera reconnu un jour.
Analyse du 1er tour de l’élection présidentielle
Quelques bonnes raisons de voter pour François Bayrou
– Si vous pensez qu’au-delà d’un programme pour la France il faut avoir une vision pour la France ;
– Si vous pensez que l’urgence c’est redonner de l’emploi aux Français et la priorité c’est retrouver au plus vite des finances saines ;
– Si vous pensez qu’il est impératif de réduire notre déficit commercial ;
– Si vous pensez que la France avait l’une des meilleures éducation au monde mais qu’elle l’a perdu ;
– Si vous pensez qu’il faut dès maintenant moraliser la vie publique et politique ;
– Si vous pensez que la bipolarisation de la vie politique conduit en fait à une impasse ;
– Si vous pensez qu’il est préférable d’élever au plus haut la conscience et la responsabilité du citoyen que de désigner tel ou tel comme responsable de nos maux ;
– Si vous pensez que la compétence doit primer l’allégeance ;
– Si vous pensez que la Cour des comptes dit des choses fort justes mais qu’hélas ce n’est jamais suivi d’effets ;
– Si vous pensez qu’il faut des visages nouveaux dans un gouvernement de large union ;
– Si vous pensez qu’il existe un homme capable de redresser la France et de lui donner le rang qu’il mérite auprès des nations du monde entier ;
alors sachez que cet homme existe : c’est François Bayrou.
La campagne escamotée
Ainsi tout serait déjà joué alors que le conseil constitutionnel n’a pas encore validé la liste de celles et ceux qui pourront les 22 avril et 6 mai prochains prétendre à la magistrature suprême. Que les sondages placent en tête F. Hollande et N. Sarkozy c’est une chose, mais que s’installe l’idée que finalement rien ne changera durant la campagne officielle, c’en est une autre.
Pourtant la confiscation du 1er tour paraît de plus en plus évidente : Qu’est-ce qui aura changé au soir du 22 avril par rapport aux sondages de ce début de mars ? Sarkozy avec 1 ou deux points d’avance sur Hollande ? L’inverse ? Vous voyez bien que peu importe après tout, si ces deux-là sont devant au soir du 1er tour l’élection aura bel et bien été escamoté, réduite au choix entre l’illusion et la division pour reprendre les termes de F. Bayrou.
Je ne peux pas me résoudre à ce que le résultat d’une élection aussi importante que celle du prochain président de la République soit déjà connu, déjà écrit alors que la campagne officielle n’a pas encore débuté. Ce serait bien trop réducteur mais surtout – vu les programmes proposés par le PS et l’UMP – un réel manque d’ambition pour la France.
Hypothèse 1, N. Sarkozy président
Réélu, il devra choisir un nouveau premier ministre – avec cynisme je dirais qu’il devra choisir un nouveau collaborateur – pour conduire la soit-disante nouvelle politique. Mais sur le fond rien ne changera : mettre J.L. Borloo ou A. Juppé à la place de F. Fillon est-ce vraiment injecter un souffle nouveau ? Idem pour les partis satellites Nouveau Centre et parti Radical, qui une fois encore devront donner de sérieux gages de soumission en vue des législatives de Juin. Et c’est ainsi que nous nous retrouverons à l’automne 2012 comme si l’élection présidentielle n’avait jamais eu lieu, réduite à une simple péripétie de la vie politique, sans goût et sans saveur. Non merci.
Hypothèse 2, F. Hollande président
Elu, il devra lui aussi choisir un premier ministre. On parle de J.M. Ayrault, on parle de M. Aubry. Peu importe en fait : le premier ministre sera du PS. La France – ce pays qui adore tant la démocratie – aura confié les clés de son avenir à un seul parti politique. Car François Hollande à l’Elysée ce sont les pleins pouvoirs, je suis bien obligé d’employer ce terme. Outre la Présidence de la République le parti socialiste aura la mainmise sur : Matignon, l’assemblée Nationale et le Sénat, la quasi totalité des régions, la majorité des départements, la plupart des villes moyennes ; bref un véritable monopole. On pourrait objecter qu’après tout, puisque possédant tous les leviers pour conduire les réformes, ces dernières n’en seront que plus efficaces. Las ! il existe une réalité économique qui aura tôt fait de rattraper un programme bâti sur une illusion, l’illusion qu’il est possible de dépenser encore plus d’argent avec 1 300 milliards d’euros de dette au-dessus de nos têtes[1].
Mais là encore, en dépit de tous ces pouvoirs François Hollande devra composer avec ceux qui l’auront aidé à accéder à l’Elysée. Rattrapé sur sa droite par la réalité du quotidien, pressé sur sa gauche de radicaliser ses propos, le nouveau président de la République sera forcé et contraint au pire choix politique possible : décevoir ses électeurs.
François Bayrou, seul choix pour la France
C’est pourquoi seul l’arrivée d’un troisième homme peut réellement peser sur le débat et empêcher que cette campagne électorale ne serve à rien. Entre un J.L. Mélenchon trop contestataire et une M. le Pen trop sectaire, François Bayrou est bel et bien le seul à offrir à la France cet espoir crédible dont elle a tant besoin. Parce que rattaché à aucune chapelle, ne faisant partie d’aucun clan, n’ayant pour seule ambition que l’intérêt général et l’envie d’élever au plus haut la conscience et la responsabilité du citoyen, le vote François Bayrou représente pour la France le seul recours possible. Puissent les français le réaliser au moment de passer dans l’isoloir.
[1] Le programme de F. Hollande prévoit de poursuivre d’augmenter les dépenses publiques d’1% par an durant les deux premières années de son quinquennat.
Argumentaire pour l’abrogation de l’article 106 de la loi de finance rectificative pour 2007
Lors de son discours prononcé au Bourget le 22 janvier dernier, François Hollande a annoncé que s’il était élu il diminuerait de 30% le traitement du Président de la république ainsi que celui des ministres.
L’intention est certes louable mais bien insuffisante à mes yeux. L’article 106 de la loi de finance rectificative pour 2007 (Loi N°2007-1822 du 24 décembre 2007) a été institué tout juste six mois après l’arrivée de Nicolas Sarkozy à L’Elysée(1). Il augmente de manière substantielle le traitement mensuel du président et de ses ministres ; on a tout de même évoqué le chiffre de 170% d’augmentation, je tiens à le rappeler.
Dès lors comment prendre au sérieux ces candidats qui – dans un accès d’humilité – annoncent une baisse de 20, 30, voire 40% ? Ce n’est pas démagogique – n’en déplaise à Valérie Pécresse qui a fait cette réponse – non, donc que de revenir sur le « salaire » du président de la République. Après tout cette loi est pratiquement ad hominem, ce qui au passage est interdit et n’a pas d’autre fonction que d’améliorer l’ordinaire des personnes attachées aux plus hautes fonctions de l’Etat. Justement, servir l’Etat ce n’est pas se servir sur le dos de l’Etat. C’est pourquoi je demande solennellement que François Bayrou(2) se positionne sur la ligne suivante : abrogation de la loi en question et retour à la rémunération de 2006 avec rattrapage depuis cette date en proportion de la hausse du point d’indice des fonctionnaires.
Je considère que cette loi est la plus sarkozyste des lois promulguées durant ce quinquennat, qu’il est le symbole de la dérive d’une certaine idée du pouvoir consistant à se servir dès son arrivée en fonction, et que l’abroger est le signe que le candidat-président place réellement l’intérêt général au-dessus de son confort financier.
A l’inverse, ne rien annoncer de tel ou se contenter d’annoncer une diminution en pourcentage revient à dire que Nicolas Sarkozy a eu raison de mettre en place un tel dispositif et que, puisqu’il a a fait « le sale boulot » en subissant les foudres liée à cette augmentation que rien ne justifiait il permet à son successeur d’en tirer bénéfice, y compris défalqué d’une (petite) promesse de campagne.
(1) Et encore : le texte en question précise bien que « les dispositions du présent article sont applicables à compter du 8 mai 2007 », soit en fait dès l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir.
(2) J’invite les autres candidats à l’Election présidentielle de prendre cet engagement d’abrogation. J’imagine néanmois que le candidat soutenu par l’UMP trouvera un argument pour ne pas me suivre sur cette voie.