Lors de son discours prononcé au Bourget le 22 janvier dernier, François Hollande a annoncé que s’il était élu il diminuerait de 30% le traitement du Président de la république ainsi que celui des ministres.
L’intention est certes louable mais bien insuffisante à mes yeux. L’article 106 de la loi de finance rectificative pour 2007 (Loi N°2007-1822 du 24 décembre 2007) a été institué tout juste six mois après l’arrivée de Nicolas Sarkozy à L’Elysée(1). Il augmente de manière substantielle le traitement mensuel du président et de ses ministres ; on a tout de même évoqué le chiffre de 170% d’augmentation, je tiens à le rappeler.
Dès lors comment prendre au sérieux ces candidats qui – dans un accès d’humilité – annoncent une baisse de 20, 30, voire 40% ? Ce n’est pas démagogique – n’en déplaise à Valérie Pécresse qui a fait cette réponse – non, donc que de revenir sur le « salaire » du président de la République. Après tout cette loi est pratiquement ad hominem, ce qui au passage est interdit et n’a pas d’autre fonction que d’améliorer l’ordinaire des personnes attachées aux plus hautes fonctions de l’Etat. Justement, servir l’Etat ce n’est pas se servir sur le dos de l’Etat. C’est pourquoi je demande solennellement que François Bayrou(2) se positionne sur la ligne suivante : abrogation de la loi en question et retour à la rémunération de 2006 avec rattrapage depuis cette date en proportion de la hausse du point d’indice des fonctionnaires.
Je considère que cette loi est la plus sarkozyste des lois promulguées durant ce quinquennat, qu’il est le symbole de la dérive d’une certaine idée du pouvoir consistant à se servir dès son arrivée en fonction, et que l’abroger est le signe que le candidat-président place réellement l’intérêt général au-dessus de son confort financier.
A l’inverse, ne rien annoncer de tel ou se contenter d’annoncer une diminution en pourcentage revient à dire que Nicolas Sarkozy a eu raison de mettre en place un tel dispositif et que, puisqu’il a a fait « le sale boulot » en subissant les foudres liée à cette augmentation que rien ne justifiait il permet à son successeur d’en tirer bénéfice, y compris défalqué d’une (petite) promesse de campagne.
(1) Et encore : le texte en question précise bien que « les dispositions du présent article sont applicables à compter du 8 mai 2007 », soit en fait dès l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir.
(2) J’invite les autres candidats à l’Election présidentielle de prendre cet engagement d’abrogation. J’imagine néanmois que le candidat soutenu par l’UMP trouvera un argument pour ne pas me suivre sur cette voie.