Que ferais-je si j’étais aux commandes de ce ministère ? J’ai écrit par le passé que le meilleur ministre est encore celui qui ne fait pas de réformes. C’est hélas sans doute vrai mais force est de constater que des réformes sont nécessaires, dans ce secteur plus que dans d’autres. Nous ne pouvons plus rester avec une jeunesse dont le niveau général baisse année après année. Ce constat a déjà été fait, il est partagé par tout le monde ou presque, il n’est donc pas nécessaire d’y revenir. Ceci posé, que faire donc ? J’ai en tête plusieurs propositions que je voudrais soumettre à votre réflexion.
A mes yeux l’urgence est de redonner à l’école ses lettres de noblesse. Pour cela il faut commencer par édicter de nouvelles règles, non pas établissement par établissement mais pour l’ensemble du territoire, une sorte de New Deal. L’école doit être un lieu où l’on respecte le professeur (et le règlement intérieur de l’établissement), où l’on ne conteste pas le contenu du cours, où l’on cherche loyalement à apprendre et à progresser compte-tenu de ses capacités. Bref il faut que dans les écoles 100% des élèves respectent ces règles.
A ce point de mon raisonnement beaucoup vont répondre que cela est impossible, qu’il y a toujours une proportion d’enfants qui ne respectent pas ces valeurs. C’est pourquoi je veux voir créer pour ces derniers un environnement adapté, avec une passerelle pour pouvoir dès que cela est à nouveau possible revenir dans l’école « classique ». Ce n’était pas les « internats d’excellence » qu’il fallait mettre en place pour sortir les bons élèves de l’école publique mais à l’inverse instituer des « internats d’excellence » pour redonner le goût de l’école aux élèves en difficulté.
Vous savez aussi bien que moi que si ça se passe bien (voire très bien) dans certains établissements et mal (voire très mal) dans d’autres ce n’est pas à cause de l’environnement, de l’équipe éducative ou – plus surprenant – du niveau social des élèves. Le paramètre principal est l’acceptation du système scolaire dans son ensemble, tant par les parents que par les élèves. Les réussites ont lieu là où l’école est la mieux respectée, les plus mauvais résultats sont pour les établissements où l’école est la plus contestée*.
C’est pourquoi il faut décider d’une mesure radicale, scinder l’école en deux et ne plus chercher à donner le même enseignement à ceux qui veulent apprendre et à ceux qui ne veulent pas. La clé est ici la volonté de l’élève et non pas son intelligence ou le volume de savoir déjà acquis. Tant que nous resterons sur un schéma où l’on cherchera à accueillir tout le monde dans la même école ça ne marchera pas. La différence avec « avant » est là, pas ailleurs.
Tant que l’école avait le soutien à 100% des parents et que tous les élèves acceptaient la règle du jeu (avec plus ou moins de bonne volonté certes), les résultats suivaient. Les résultats ont cessé de suivre quand – devant le constat que de plus en plus d’élèves et de parents refusaient la règle fondamentale de l’école – l’éducation nationale a voulu mettre en place un enseignement qui cherchait à satisfaire parents et enfants. On a fait passer la demande avant l’offre. De recul en recul nous en sommes arrivés à la situation d’aujourd’hui où l’enseignement encyclopédique est désormais montré du doigt, « trop dur, trop compliqué » en arrivent à dire certains. C’est ce fatalisme là qu’il faut combattre. Je n’hésite pas à l’affirmer : à l’heure d’internet et des tablettes on peut exiger plus d’un élève de 2013 que d’un élève de 1975. J’estime même que c’est un devoir que d’exiger davantage. C’est une offense que se contenter d’exiger moins et de s’en satisfaire.
* Il ne faut plus nier que dans certaines de ces écoles être un bon élève est mal perçu car trop « système ». Dans ces endroits la règle est devenue de tout contester sans distinction et d’en apprendre le moins possible, cela va de soi…
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