Plaidoyer pour un MoDem indépendant

Drôle de titre. Pourquoi réclamer l’indépendance du MoDem, à la veille des élections régionales de surcroît ? Ne l’est t-il pas déjà ? Dans la lettre oui, mais dans l’esprit de moins en moins. La lettre c’est le congrès fondateur et ses principes, dont je rappelle ici un extrait(1) : « Le Mouvement démocrate est indépendant de toutes les puissances d’influence économique, politique ou médiatique« . L’esprit c’est cette tendance qui fait de plus en plus du MoDem un parti de gauche. Alors bien malin qui pourrait dire si le MoDem est de gauche, de centre-gauche, voire du centre après tout. Mais que voit-on à l’aube des élections régionales ? Des annonces plus ou moins individuelles d’alliance avec tantôt le Parti Socialiste, tantôt Europe-Ecologie. La porosité entre ces deux partis ne faisant aucun doute, voir se profiler un second tour où le MoDem s’alliera uniquement avec l’un ou l’autre ne peut pas me satisfaire(2). Ce penchant sur la gauche ne peut pas être l’avenir du MoDem, car le MoDem ne s’est pas constitué sur ce schéma-là. Le MoDem a vocation à être ce mouvement rassembleur, conscient de sa capacité à être un parti de gouvernement, et prêt à agréger les bonnes volontés pour non seulement sortir la France de la crise qu’elle traverse(3), mais encore à « porter au plus haut la conscience et la responsabilité des citoyens« (4). C’est cela que le MoDem doit retrouver au plus vite. Mais cela fait bien longtemps, trop même que je n’ai pas entendu un haut dirigeant de notre mouvement répéter ce qui devrait être notre définition relative à notre positionnement sur l’échiquier politique, à savoir : « Le MoDem n’est ni de droite, ni de gauche, ni du centre. Il est démocrate. »

Je reste pourtant très fier d’être au MoDem. Je suis fier de tenir là mon premier engagement en politique comme adhérent d’un mouvement. Ma plus grande fierté jusqu’à présent aura été – très étrangement – à l’occasion du vote à l’Assemblée Nationale sur le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN. Voyant cela de mon fauteuil(5) j’étais très fier d’être adhérent d’un mouvement politique qui a inscrit noir sur blanc dans sa charte éthique : « Dans tous les groupes politiques d’élus qui se réfèrent au Mouvement démocrate la liberté de vote est la règle« . C’est une des pépites que recèle le MoDem, qu’il faut conserver et protéger comme étant notre manière originale de concevoir la politique. Certains députés UMP(6) doivent au fond d’eux-mêmes regretter d’être dans un parti qui ne leur donne pas d’autre liberté que la liberté de dire Oui. Je regrette par contre d’avoir été de cette minorité qui a parfaitement compris la stratégie du MoDem au second tour des élections municipales. Il n’y a pas jusqu’à François Bayrou lui-même, qui à l’occasion de l’université de rentrée de notre mouvement le dit avec du regret dans le ton et dans la voix : « (…) je dis cela avec un peu de regret, de nostalgie. Dans un monde idéal, j’aimerais que les élections locales n’aient qu’un enjeu local. J’ai beaucoup fait pour cela, même si cela a été très incompris. J’aurais aimé que les élections locales fassent naître des majorités locales et je ne verrais aucune difficulté à ce que l’on puisse bâtir des majorités avec des gens d’étiquettes différentes. (…) j’ai bien été obligé de constater que cette idée que je trouve pour ma part juste, forte, généreuse et novatrice, n’a été comprise par personne !« . Je persiste à dire que c’est la seule voie, car l’autre voie est celle de la bipolarisation, et le MoDem est opposé à la bipolarisation de la vie politique. Je connais des partis qui à l’inverse ont du mal à s’en défaire et qui au fond s’en arrangent très bien.

Alors ne tombons pas dans le piège, n’attrapons pas l’ombre à la place de la proie. Je reste persuadé que notre tour viendra d’être aux commandes du pays. Ne changeons pas nos convictions au motif que l’électorat nous suit moins. Continuons de dire avec force que la réduction de la dette publique est une nécessité absolue mais qu’elle sera douloureuse pour la France ; continuons de dire que la création de deux emplois sans charge fera du bien à nos entreprises et à notre économie ; continuons de dire que la séparation des pouvoirs est indispensable pour une démocratie comme la nôtre ; continuons de dire que le garde des sceaux doit être désormais nommé par l’Assemblée Nationale, et de telle manière que l’opposition parlementaire puisse apporter son concours(7) ; continuons de dire qu’il faut mettre plus d’Etat là où ça va mal, et moins là où ça va bien ; militons pour que la prochaine réforme des retraites soit enfin la bonne et qu’elle se fasse avec l’engagement de l’opposition de ne pas la détricoter en cas d’alternance. Sur ces valeurs-là le MoDem défend ses positions mais plus encore défend une autre manière de faire de la politique : « à la loi du plus fort, substituer la loi du plus juste« . Nous avons avec notre projet humaniste(8) un beau projet, et à tout le moins une base très solide sur lequel s’appuyer avant de le décliner pour l’adapter à la politque régionale.  C’est cela l’indépendance du MoDem.

(1) Article III de la charte éthique
(2) Je suis un adhérent, ni plus ni moins, et je sais pour combien mon opinion personnelle compte dans la stratégie du MoDem : elle compte au mieux pour 1/45223 millièmes. J’ai conscience que c’est bien peu.
(3) Permettez-moi d’inclure la dette publique dans le mot « crise »
(4) Article II de la charte des valeurs.
(5) De mon fauteuil situé devant ma télévision, je précise pour celles et ceux qui croiraient (?) que je suis député.
(6) Dois-je ajouter « et du Nouveau Centre » ? Mais c’est déjà un autre débat qui nous mènerait bien loin…
(7) Pour ma part j’ajouterais également le ministre de l’Education Nationale.
(8) Dont je rappelle ici qu’il est également disponible sur iPhone

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De l’Assemblée Nationale à la Chambre d’enregistrement

On ne sait pas toujours reconnaître le bon combat politique à mener. Jeter les gens dans la rue par centaines de milliers pour les retraites, l’éducation ou les contrats de travail,  c’est finalement assez facile. Le faire à l’occasion d’une réforme de l’audiovisuel public, c’est déjà plus compliqué. Alors que dire s’il fallait appeler à manifester contre un projet de loi de réforme électorale.  Dans la gradation de ce qu’on pourrait nommer un déni de démocratie sans être pour autant taxer d’éxagération, je considère que c’est le pire qui vient d’arriver aujourd’hui.

Pourtant, ce combat là n’est-il pas aussi honorable que les autres ? Il l’est même plus à mes yeux, car il ne défend aucune autre idéologie que celle de la démocratie assumée, celle d’une société qui a décidé de respecter les règles qu’elle s’est elle-même fixée.
C’est pourquoi le pouvoir législatif se doit d’assumer ses votes, les plus légitimes comme les plus improbables. Sinon où est la limite ? A quoi sert de voter la Loi, si on se donne dans le même temps le pouvoir de changer le vote ?
L’Assemblée Nationale n’est plus. Ou du moins elle ne pourra plus se dire telle qu’elle était avant. Quelque chose d’elle a disparu avec le vote d’aujourd’hui. C’est hélas de moins en moins une assemblée d’élus de la Nation, et de plus en plus une chambre d’enregistrement. Avec en prime la création de 11 sièges pour les « français de l’étranger ». Malgré tout le respect que j’ai pour ces derniers, ils n’ont pas besoin de onze députés pour les représenter. Deux suffisaient largement.

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2012 : Ceux qui iront, et ceux qui n’iront pas…

Plus que deux ans et quelques mois. Le quinquennat a généré la campagne (presque) permanente pour les présidentielles. Cela ne s’était pas vu avec Jacques Chirac, qui aura été président 12 ans après les 14 de François Mitterand. Mais maintenant si le calendrier est respecté, nous pourrions avoir jusque cinq Présidents de la République différents là où auparavant on en n’avait que deux.
Mais l’essentiel est ailleurs pour le moment. En ce début d’année 2010, je me propose de lister qui veut y aller et pourra, qui veut et ne pourra pas, et qui ne veut pas.
A tout seigneur tout honneur, Nicolas Sarkozy. Ses récentes déclarations sur le sujet ne doivent tromper personne. Etre contre sa manière de gérer le pays, contre la plupart – pour ne pas dire contre toutes – ses idées n’empêche pas le discernement : Nicolas Sarkozy est un homme politique hautement intelligent. A ce titre, je suis prêt à parier gros qu’il pense à la ré-élection depuis le premier jour de son entrée en fonction. Sa stratégie pour 2012 est très simple : compte-tenu qu’à droite les réserves de voix sont ténues, il faut être en tête au premier tour avec le maximum d’avance sur le second. Pour cela il a besoin d’écarter des candidatures à droite qui pourraient lui faire ombrage, et organiser la division à gauche pour que son opposant ait le moins de voix en valeur absolue au premier tour. Vous noterez au passage le froid calcul mathématique : peu importe l’opposition présente au second tour, pourvu qu’on ait l’écart en voix au premier.

Revue de détail par ordre aléatoire

  • Philippe de Villiers : Son cas est intéressant. Habitué des joutes politiques, il a très envie de se présenter en 2012. Mais il fait désormais partie des déjeuners de la majorité, club politique dont la vocation est avant tout de « manger » ces candidatures que Nicolas Sarkozy doit sans doute qualifier d’exotiques. Pour moi il n’ira pas, car en échange on lui laisse la Vendée et tous ses tribunaux(1).
  • Hervé Morin : Il ne sera pas candidat. Non pas qu’il ne veuille pas, mais je crois tout bonnement qu’on ne l’autorisera pas à se présenter. Tant pis pour le Nouveau Centre, ce drôle de parti sans militants et n’existant que par la volonté de générer un semblant d’opposition au sein de la Majorité. Personne n’est dupe et cela se voit élection après élection.
  • Dominique de Villepin : Lui ira et sans trop me vanter j’ai cette certitude depuis bien longtemps, je veux dire bien avant le procès Clearstream. Il a l’aura de l’homme libre, il est attaché à ses convictions. Il a le réseau nécessaire, et de plus il a les sondages pour lui. Dans ces conditions il se doit d’être candidat.
  • François Barouin : Il l’a déjà annoncé (!), il sera candidat mais en 2017. Pour l’avoir vu lors d’un débat public fin 1995 contre un certain François Hollande(2), je ne doute pas de sa parole. Mais pour 2012 c’est encore trop tôt.
  • Extrême droite : Il faut s’attendre à deux canditatures. Celle du Front National et celle d’un parti ou mouvement dissident. Mais le « bon score » qu’on prédit n’arrivera pas, ne serait-ce que parce que cela est contre la stratégie du candidat Nicolas Sarkozy. C’est donc sans aucun scrupule que ce dernier ira marcher sur les plates-bandes de l’électorat frontiste.
  • Parti Socialiste : Il y aura une candidate ou deux candidat(e)s ! Car soit Ségolène Royal est vainqueur des primaires et ce sera la candidate du PS, ou bien elle ne l’est pas et nous aurons sa candidature en plus de celle soutenue officiellement par le parti socialiste.
  • Olivier Besancenot : Aucun souci, il sera présent. Et comme à chaque fois il devra compter avec une candidature Lutte Ouvrière et une candidature « extrême gauche exotique ».
  • Parti Communiste : Le Parti présentera un(e) candidat(e). Désolé de paraître méchant mais peu importe le nom, cette candidature ne recueillera au mieux que 2% des suffrages.
  • Jean-Luc Mélanchon : Il a besoin de notoriété et d’installer son parti dans l’esprit des Français. Il sera donc candidat.
  • Europe Ecologie : C’est la victoire de la stratégie de Nicolas Sarkozy, qui en aidant ce mouvement à s’installer dans le paysage politique permet d’organiser la division des voix à gauche(3). Daniel Cohn-Bendit ne sera pas candidat, donc le candidat Europe Ecologie devra faire face à un défaut de notoriété. Défaut assez pénalisant pour l’empêcher d’atteindre le second tour, mais assez important pour aider à creuser l’écart en voix au premier tour.
  • Les verts : Il y aura une candidature « verte » en plus de celle d’Europe Ecologie, de quoi semer le trouble chez les électeurs. Je pense à Cécile Duflot mais ça peut encore changer.
  • Noël Mamère : S’il est logique avec lui-même il ne devrait pas être candidat, puisque lors de la réforme consitutionnelle il a défendu un amendement demandant la suppression de l’élection du Président de la République au suffrage universel.

Et le MoDem dans tout ça ? Nous aurons un(e) candidat(e), c’est tout ce que je peux affirmer pour le moment !

(1) Vous vous souvenez sans doute de cette réforme engrangée par Rachida Dati, alors Garde des Sceaux, consistant à réfomer la carte de France des tribunaux. Si vous êtes journaliste – je ne le suis pas – enquêtez pour comprendre pourquoi la Vendée a t-elle été épargnée ?
(2) François Hollande qui était tout dépité après l’annonce du retrait de Jacques Delors.
(3) Apparté pour redire ici que l’écologie – pardon l’environnement – n’a pas de place politique. Au nom de quoi au prétexte qu’on n’est pas de Gauche serait-on contre l’environnement ?

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Election des têtes de liste MoDem : l’heure du choix

Le vote par internet des chefs de file pour les prochaines élections régionales est quasiment terminé(1). J’ai regardé les résultats et j’ai été surpris de voir à quel point certaines têtes de liste sont contestées. Ce n’était pas réellement un vote, c’était plutôt un référendum voire un plebiscite, mais justement l’analyse des résultats n’en est que plus instructif.

C’est pour le moment ma région – la Haute-Normandie – qui est en tête. Avec plus de 95% d’approbation, Danielle Jeanne sait qu’elle peut compter sur  le soutien inconditionnel des militants MoDem de sa région. Mais hélas pour notre mouvement, c’est bien la seule. Derrière elle – si tant est que ce classement ait un sens – arrive Marc Fesneau, notre tête de liste pour la région Centre. Mais avec 90% seulement et presque 3% de votes blanc(2) on voit un écart déjà sensible. Jean Lassalle, figure pour le moins emblématique au MoDem n’a réuni que 86% sur son nom, 10 points de moins que Danielle Jeanne. Les autres « vedettes » de notre mouvement ne font guère mieux : Alain Dolium paierait-il son manque de notoriété ? En tout cas il n’a réuni que les 3 quarts des militants autour de sa candidature, et réalise le même score qu’Azouz Begag. On peut également s’interroger sur le nom de Yann Wehrling qui en Alsace a reçu l’approbation de tout juste 65% des votants. D’autres également(3) vont devoir convaincre leur propre camp avant d’aller au-devant des électeurs. En ces temps difficiles électoralement parlant, avons-nous vraiment besoin de ça ?

(1) Pour les régions Auvergne, Champagne-Ardennes, Languedoc-Roussillon, Pays de la Loire, Provence-Alpes-Côte-d’Azur, le vote aura lieu les mercredi 6, jeudi 7 et vendredi 8 janvier 2010.
(2) J’en profite pour rappeler que le MoDem milite pour la reconnaissance du vote blanc.
(3) Je pense à Claude Bellei en région Lorraine, qui avec plus de 10% de votes blancs lors de la consultation peut déjà se considérer en difficulté.

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