Jean-François Copé a annoncé hier soir qu’il sera candidat à la primaire organisé par son parti Les Républicains en vue de l’élection présidentielle de 2017. Je ne jugerai pas ici de la démarche ou de l’opportunité, ce n’est pas mon propos. Mais je tenais à souligner que je considère cette annonce déjà entâchée d’un mensonge. Il l’a pourtant affirmé lors de son interview, « Mes adversaires, c’est le Parti socialiste, c’est le Front national ». C’est devenu l’usage depuis quelque temps et l’ancien n°1 de Les Républicains ne déroge pas à la règle qui consiste à ne jamais citer le FN seul quand il s’agit de le critiquer. S’il y a mensonge à mes yeux c’est que la phrase aurait dû être « Mon adversaire, c’est le parti socialiste ».
Les Républicains auront à un moment où à un autre besoin de l’électorat du Front National et les candidats à la primaire plus vite encore, tentés qu’ils seront de trouver dans ce camp un réservoir de voix qui pourrait être non négligeable. Les primaires intéresseront les sympathisants naturels de la droite, sympathisants englobant ici celles et ceux qui ont franchi le pas en déposant un bulletin FN dans l’urne des élections de 2015. Les candidats de la primaire ne manqueront pas de regarder sur leur droite car après tout le coût (2€) et la signature d’une charte ne représentent qu’un engagement bien symbolique. Dès lors on peut envisager que certains de ceux qui désormais votent FN participeront via leur vote à la primaire de la droite.
Et puis n’oublions pas que nous avons au Sénat deux sénateurs FN, élus par les grands électeurs, liste fermée dont on connaît la chromatique politique. Les lois mathématiques rendaient cette élection impossible mais les lois du jeu électoral en ont décidé autrement, stigmate de la porosité entre voter pour un candidat LR et voter pour un candidat FN.
Ceci pointé il ne fait aucun doute que Jean François Copé en a conscience. Il pourra donc dire autant de mal qu’il veut du parti socialiste et de ses dirigeants, il n’a aucune voix à aller chercher de coté-là. A l’inverse, s’il souhaite recueillir des voix de l’électorat FN ou de militants LR tentés pas le vote FN (il y en a !), il est déjà condamné à caresser dans le sens du poil le parti d’extrême droite. Sa « sortie » sur le thème de l’adversaire n’est rien d’autre qu’un trompe l’oeil, le candidat qu’il est étant bien incapable de trouver le FN pire que le PS, ni-ni oblige…
Deux adversaires ou un seul ?
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