L’état d’urgence ou le syndrome du timbre poste.

Une fois encore l’état d’urgence a été prolongé, cette fois-ci jusqu’au 15 Juillet 2017. Tout le monde aura noté que la date retenue est plus que symbolique puisqu’elle laissera le soin au prochain président de la République* de poursuivre ou pas cette prolongation. L’état d’urgence – rappelons le – a été décidé suite à des événements plus que dramatiques ; en décréter la fin reviendra à admettre explicitement que la situation sécuritaire de la France s’est améliorée. Mais à ce jour rien ne montre qu’en Juillet 2017 la situation sera meilleure en ce domaine qu’en Juillet 2016 ; et comme il n’est pas possible d’instituer un état d’urgence permanent il faudra bien trouver un moyen d’en sortir. Nul doute que ce sera par la voie législative, entendez ici que le futur parlement n’aura d’autre alternative que d’inscrire dans l’état de droit tout ce qui relève aujourd’hui de l’état d’exception. Le pire étant que cela se fera avec l’approbation de l’opinion publique. Voyez les musées, les centres commerciaux, sans parler des gares ou des parcs d’attraction : La fouille – même quand elle n’est que visuelle – est devenue la règle et imaginer l’abandonner à l’avenir ne serait pas perçue par le grand public comme un retour à la sécurité mais bien au contraire comme un appel à passer à l’acte terroriste.
C’est là le syndrome du timbre poste, dont un jour l’augmentation a été justifié par le fait qu’on créait ainsi un tarif « rapide », plus rapide que l’ancien tarif qualifié alors de « normal ». Puis le temps a fait son œuvre : Le tarif dit « rapide » est devenu le tarif normal alors que le tarif « normal » est devenu le tarif « lent », avant d’être purement et simplement abandonné. Nous avions hier un état de droit et un état d’exception. Nous avons aujourd’hui l’état d’urgence et nous aurons demain un état de droit régi par les textes de l’état d’exception que nous connaissons actuellement. Je ne pense pas hélas qu’il faille s’en réjouir.

* Comme toujours sur ce blog, le féminin est implicite.

À propos de VincentB

"Né citoyen d'un Etat libre, (...) quelque faible influence que puisse avoir ma voix dans les affaires publiques, le droit d'y voter suffit pour m'imposer le devoir de m'en instruire" [Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social]
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