Le mouvement « Gilets Jaunes » a – entre autres – mis sur le devant de la scène la piètre orthographe de certains de ses éléments les plus médiatisés. Je ne vais pas ici gloser sur les fautes commises mais au contraire réclamer que plus jamais personne n’écrive ainsi car le creuset des inégalités passe par la plus ou moins bonne maîtrise de notre langue.
Le débat sur l’éducation a sans doute son coté intemporel mais depuis quelques décennies le fossé se creuse entre – je réduis volontairement – les bons et les mauvais élèves. Force est de constater une corrélation de plus en plus forte entre niveau d’orthographe et niveau social des parents, au point que sans prise de conscience nationale nous en arriverons à ce que ce déterminisme condamne par avance à la médiocrité scolaire les élèves les plus socialement défavorisés. Pourtant cet écart n’était pas si grand il y a encore trente ou quarante ans ; nous devons bien admettre que si le fossé s’est creusé il faut en plaindre les multiples réformes des programmes et – pis encore – une certaine déresponsabilisation face à l’éducation que nous devons à nos enfants.
Pour ma part je ne supporte plus cette reproduction des élites aux deux bouts de l’échelle, les bons élèves entre eux, les mauvais élèves entre eux. Moi aussi j’en ai assez de ce déterminisme social bien pire pour notre société que les inégalités financières des familles. Nous serions bien inspiré de prendre conscience de la gravité de ce problème, d’autant plus que les solutions pour y remédier sont connues et – oh comble ! – ne coûteraient rien ou presque à mettre en place.
Mon credo consiste à dire qu’il faut à tout prix revenir à un enseignement universel, à un vrai tronc commun au moins jusqu’en classe de 3ème. Il n’est plus question pour moi de savoir que selon le lieu où il est dispensé l’enseignement n’est pas le même.
Pour mieux illustrer mon propos je vais imaginer cet exercice de pensée : demandons à des élèves de 3ème quelle connaissance ont-ils du cursus à suivre pour entrer à l’école Polytechnique. La théorie voudrait que 100% sachent cela, or ce n’est pas du tout le cas. Voilà ce que je veux dénoncer, l’abandon de l’excellence, de la détection des talents. Reprenons un instant mon exemple : dans les faits peut-être 1% des élèves sait comment arriver à l’X. Je ne veux pas blâmer les 99% autres pour ne pas le savoir, non. Je veux blâmer l’éducation nationale pour ne pas le leur apprendre !
Cette inégalité non pas face au savoir mais face au système de l’éducation nationale est de plus en plus intolérable car elle crée elle-même les fondements de la si triste reproduction des élites. Parenthèse ici pour dire que l’actuel système de notation ne contribue pas – et c’est peu dire – à la valorisation des talents.
Alors certes le XXIème siècle n’est pas la IIIème république mais il n’en demeure pas moins que certains thèmes devraient traverser les époques : Il faut continuer de dispenser un savoir encyclopédique, quitte à en proposer en option ; il faut détecter les talents et les tirer le plus haut possible, d’où qu’ils viennent.
Mettre fin au déterminisme social dans l’éducation.
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