Il est toujours intéressant de regarder la stratégie électorale de nos adversaires. En l’occurence, on peut s’interroger sur celle de l’UMP lorsqu’on réalise que pas moins de 16 ministres et secrétaires d’Etat(!) sont candidats aux prochaines élections régionales. C’est sans aucun doute un record électoral. Mais d’où peut bien venir cette envie subi(t)e de se présenter devant les électeurs ? Si en science on dit que le nombre révèle la masse, en politique le nombre de ministres candidats révèle la stratégie du parti au pouvoir. Et pour en faire la démonstration rien de mieux que de livrer ici la liste exhaustive des candidats ayant en ce moment une fonction ministérielle. J’ai classé les noms dans l’ordre alphabétique(1) afin de ne froisser personne :
- Benoist Apparu, secrétaire d’État chargé du Logement et de l’Urbanisme
- Nora Berra, Secrétaire d’Etat chargée des Aînés, auprès du ministre du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville
- Dominique Bussereau, Secrétaire d’Etat chargé des Transports, auprès du ministre d’Etat, ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer, en charge des Technologies vertes et des Négociations sur le climat
- Xavier Darcos, Ministre du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville
- Hubert Falco, secrétaire d’État à la Défense et aux Anciens combattants
- Brice Hortefeux, Ministre de l’Intérieur, de l’Outre-Mer et des
Collectivités territoriales - Chantal Jouanno, Secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, auprès du ministre d’Etat, ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer
- Alain Joyandet, Secrétaire d’Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie, auprès du ministre des Affaires étrangères et européennes
- Nathalie Kosciusko-Morizet, Secrétaire d’Etat chargée de la Prospective et du Développement de l’économie numérique, auprès du Premier ministre
- Bruno Le Maire, Ministre de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche
- Valérie Létard, Secrétaire d’Etat auprès du ministre d’Etat, ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer, en charge des Technologies vertes et des Négociations sur le climat
- Alain Marleix, Secrétaire d’Etat à l’Intérieur et aux Collectivités territoriales, auprès du ministre de l’Intérieur, de l’Outre-Mer et des Collectivités territoriales
- Hervé Novelli, Secrétaire d’Etat chargé du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises, du Tourisme, des Services et de la Consommation, auprès de la ministre de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi
- Valérie Pécresse, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la
Recherche - Henri de Raincourt, Ministre auprès du Premier ministre, chargé des Relations avec le Parlement
- Rama Yade, Secrétaire d’Etat chargé des Sports, auprès de la ministre de la Santé et des Sports(2)
On ne va quand même pas me faire croire que chaque ministre a décidé de partir au feu après une réflexion personnelle, et qu’il s’est contenté d’en informer Premier Ministre et/ou Président de la République.
Par exemple que penser de leur motivation à servir la Nation alors que durant la campagne ils vont expliquer aux électeurs la main sur le coeur, que leur ambition réelle est de se mettre aux commandes d’une région ? J’ai du mal à comprendre la cohérence de l’ensemble. Et cela sans même compter avec le fait qu’ils sont tous en position éligible, et que par voie de conséquence il devront choisir après le 21 mars 2010 entre pouvoir d’Etat et pouvoir régional.
Autre problème – sinon éthique à tout le moins curieux – les prochains conseils des ministres. Ne vont-ils pas se transformer en PC de campagne au service de la machine de guerre UMP ?
Pour rester dans la symbolique guerrière l’artillerie lourde est de sortie, et comme le dit fort bien Xavier Bertrand, c’est la fin de l’hypocrisie. Dit autrement, le Conseil National de l’UMP n’a pas validé les listes pour les régionales, il a seulement validé les listes de l’Elysée telle une vulgaire chambre d’enregistrement. Car il s’agit avant tout de mettre fin à cette anomalie électorale (vue de l’UMP) qui consiste à n’avoir – au mieux – que 2 régions sur 24. Pour un homme aussi attaché aux résultats que peut l’être Nicolas Sarkozy, ceci doit être corrigée au plus vite. Et ne pouvant déjà changer le mode de scrutin(3), il faut bien trouver un moyen d’inverser cette tendance.
Une telle débauche d’énergie pour une élection somme toute régionale, c’est quand même beaucoup, non ?
(1) Et avec les intitulés officiels en prime
(2) Apparté pour préciser qu’il a été demandé à Christian Estrosi d’en être, ce qui aurait fait 17.
(3) Vous savez ce qu’on dit : « ce sera pour la prochaine fois » !
Je ne vais pas me répêter, mais c’est tout de même incroyable, cette manie pour un ministre de vouloir se présenter aux régionales…
Merci de cette analyse Vincent.
Quelquefois la réalité est aussi simple que cela, contrairement aux apparences.