J’ai commenté les 12 engagements du Modem en temps et en heure, mais je ne trouve pas inutile de rappeler ici ce que j’ai dit là-bas.
Point 1 : « L’union de l’Europe, maintenant, plus de doutes possibles« .
L’union de l’Europe, l’expression fait pléonasme, sauf à parler de l’Europe au sens géographique… Mais alors c’est idiot car l’Union existe déjà, non ? L’Europe politique, objet des prochaines élections du 7 juin prochain ne s’appelle t-elle pas L’Union Européenne ?. Et puis « plus de doute possible » fait un peu démagogique si vous me permettez : trop incantatoire, et trop flou pour identifier le Modem par rapport aux autres formations qui feront campagne. Je propose à la place « Une nouvelle Europe doit émerger« , ou bien « Oui à l’Europe qui tient compte des européens« . J’ajoute que ce point 1 est le plus important, c’est celui qui sera le plus lu dans nos tracts : il s’agit donc de ne pas se tromper en le rédigeant.
Point 2 : « L’Europe, ce n’est pas seulement une économie, c’est un projet de société, des valeurs humanistes« .
Pour ma part l’Europe ne doit pas se définir à partir de ce qu’elle n’est pas (« L’Europe, ce n’est pas seulement une économie, … » ). Nous gagnerions à la définir uniquement à partir de ce qu’elle est, ou de ce qu’elle devrait être. Donc simplifions pour avoir « L’Europe c’est un projet de société, ce sont des valeurs humanistes« .
Point 3 : « En Europe, la compétition doit être rendue équitable« .
Ce point fait pour moi doublon avec le point 5. L’argumentaire affaiblit encore ce slogan, car c’est de relation extra-européenne qu’il est question. Ces règles sont – je crois – celles de l’OMC, et c’est à ce niveau-là que cela devrait se décider. Autrement nous passerions d’un protectionnisme national à un protectionnisme continental, et cela s’avèrerait contre-productif au bout du compte.
Point 4 : « L’Europe, affaire de citoyens« .
Je ne peux qu’être d’accord avec l’idée que toute réunion de rang européen doit être publique. Pourquoi ne pas avancer l’idée de la création d’une chaîne de télévision de l’Europe ? Un peu sur le modèle de « La Chaîne Parlementaire » en ce sens où cette chaîne serait une chaîne à vocation uniquement institutionnelle (et éducative avec des cours de langue par exemple ?).
Point 5 : « L’Europe ne peut pas organiser la concurrence sauvage des Etats européens entre eux. »
Ce n’est pas tant qu’elle ne peut pas, c’est surtout qu’elle ne doit plus ! C’est à mes yeux le piège dans lequel l’Europe est tombé : agréger autant de pays en si peu de temps (combien de temps l’Europe est-elle restée à 5, à 12 ?), ne pouvait pas se faire sans tomber dans cet écueil. Alors plombier polonais ou routier estonien, peu importe après tout : les règles doivent changer. Je propose plutôt : « L’Europe ne doit plus organiser de concurrence sauvage entre les Etats européens. »
Point 6 : « Le savoir et la connaissance priorités de l’Europe« .
Je ne peux qu’adhérer à ce principe. Mais aller au-delà de la déclaration d’intention ne sera pas facile. Il faudrait suggérer l’implantation de 3 ou 5 universités européennes, dotés de moyens exceptionnels pour non seulement égaler les universités américaines, mais aussi pour avoir l’ambition de les surpasser. Au lieu d’en construire ex-nihilo, le mieux serait que nos universités actuelles se mettent sur les rangs pour obtenir un label que nous pourrions baptiser « Université de l’Europe ».
Point 7 : « Pour que l’Europe agisse dans des domaines aussi importants que la recherche, il lui faut des moyens réels« .
Peut-être ne suis pas assez au courant de ce qui se fait ailleurs en Europe, mais je crains que ce point ne soit trop franco-français. D’autant plus que la proposition associée parle d’un « budget européen » sans même préciser si c’est de celui consacré à la recherche. Oubli ou confusion ?
Point 8 : « L’Europe, zone de sécurité« .
Il est évident qu’il faut au plus vite une justice transfrontalière, qui permette de poursuivre avec les mêmes prérogatives dans toute l’Union Européenne. Peut-être que le texte gagnerait à être plus agressif : « L’Europe toute entière contre les réseaux et les mafias » serait plus audible, électoralement parlant.
Point 9 : « La responsabilité de l’Europe en matière de politique agricole est plus importante que jamais« .
Difficile là-aussi d’aller contre, c’est sans doute le point que j’ai le moins envie de critiquer. Même la sémantique me convient, c’est dire.
Point 10 : « Aucun des progrès nécessaires de l’Europe ne pourra se faire sans volonté politique. » C’est tout de même étrange de devoir inscrire ce point dans une campagne électorale, car à quoi sert de faire de la politique sans la volonté. La réponse est hélas toute trouvée : bénéficier des avantages, sans avoir les inconvénients. Pourquoi les décisions sont-elle devenues si opaques, sinon par le manque de volonté des politiques d’expliquer leur décision ? Alors oui, la volonté politique est le carburant du moteur européen. Je propose toutefois une simplification de la phrase , par exemple « Une volonté politique pour une Europe volontaire« .
Point 11 : « Il faut convaincre les Européens que l’Europe n’écrase pas leur identité, au contraire qu’elle la garantit. »
C’est vrai qu’il est important de rassurer nos concitoyens, au moins sur la volonté du Modem en la matière. L’Europe doit préserver toutes les identités, nationales comme régionales. Et c’est par les résultats d’une bonne politique que chacun se sentira Européen. Comme ailleurs, je pense qu’on peut le dire en moins de mots. Je propose de dire que « L’Europe ne joue pas contre les identités, au contraire il les garantit »
Point 12 : « L’immigration est la partie visible du plus grand drame de l’humanité : le sous-développement et la pauvreté« .
C’est compliqué d’être critique avec un sujet pareil, mais vous aurez noté comme moi que le mot « Europe » ou « Européen » est absent de ce point. Et le lien avec l’immigration est – à mes yeux – franchement tiré par les cheveux, surtout lorsque je lis la proposition associée, qui réclame « la lutte contre les paradis fiscaux qui abritent l’argent de la corruption (…)« . Cela relève de la sphère financière, et non pas de l’immigration. Il faut recentrer le débat, et parler uniquement des flux migratoires, des hommes et des femmes qui veulent venir en Europe. Immigration légale, immigration clandestine. Il y a une justice et d’une économie européenne à bâtir pour lutter contre la corruption. Je propose donc : « L’Europe montre son humanité au travers de sa politique d’immigration« .